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presque rien...
pour peindre un tableau il y a plusieurs méthodes.
On peut d'abord formuler un projet, visualiser un tableau, ou vice-versa. On peut ensuite faire des esquisses en plus ou moins grand nombre pour transposer dans la réalité de la matière picturale ce qui a été « vu » dans sa tête. On peut entreprendre ensuite de réaliser sur papier ou sur toile ce qui a été ébauché ailleurs.
On peut aussi... sans avoir « vu » quoi que ce soit, peindre... pour voir...
En ce cas, on appose de la couleur, on en rajoute, on biffe en tout ou en partie ce qui est advenu, on use de l'accident comme d'une machine à trouvailles, on joue de la transparence et de la translucidité des couches de lavis qui se superposent. La matière parle. On est à l'écoute de ce qu'elle nous raconte.
Et... on peut aussi faire les trois... l'une et l'autre méthode qui en créent une troisième.
On commence par vouloir réaliser un projet, et se trouver devant l'accident, la maladresse, le manque d'adresse, ou l'excès d'adresse, qui s'imposent. Ensuite, on s'efforce d'être aux aguets. On s'efforce de voir ce qui a été peint, en s'extirpant du projet, de ce qu'on visualise, pour ne voir que ce qui a été peint, non pas ce qu'on veut peindre. C'est possible dès lors qu'on commence par admettre ce qui a été peint, admettre, supporter le décalage entre ce qui était projeté et ce qui est.
On peut le faire parce qu'on est capable de porter la tension que ne manque pas de provoquer ce décalage. Ce qui a été projeté est l'idéal. La réalité... c'est autre chose... c'est ce qui a été peint dès lors qu'on s'est appliqué à entreprendre de réaliser « le projet », ce qu'on pense être l'idéal. On est confronté à l'incomplétude, au défaut à corriger, à l'obligation de rendre visible l'esprit de ce qui a été « vu » même si le rendu n'a rien à voir avec ce qui a été vu.
Il faut VOIR, ce qui est. On peut avoir des surprises dès lors qu'on accepte ce qui est. Quand la surprise n'est pas satisfaisante on continue, on ajoute ou on biffe, c'est le repentir et le repeint...
Parfois, on décide de s'arrêter là... même si c'est presque rien...
Et... on recommence une autre toile pour ne pas perdre ce qui a été peint.
Continuer, ce serait perdre. Ajouter, ce serait soustraire.
De toile en toile, on va du trop au trop peu. La question est, où commence le trop ? Quand donc est-ce trop peu ? La toile blanche... même pas... mais pour ça, nul besoin d'être peintre, seulement performeur - installer dans un espace donné.une ou plusieurs toiles vierges, d'un blanc immaculé, ou crues ( ce qui est déjà beaucoup... )
Pour les autres... il y a la peinture... du trop au presque rien... et vice-versa... en passant parfois par le ni trop peu, ni ne trop, je juste assez, ce jour-là, qui semblera trop ou trop peu le lendemain, selon qu'on a ou pas de l'appétit...
Bon appétit et bonne visite... excusez du peu...